Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit un billet historique… Alors c’est parti ! Cette semaine, nous partons à Montréal à la fin des années cinquante : le Musée des Beaux-arts est alors une institution respectable, mais vieillissante. Les principales animations sont organisées par les dames anglophones du Ladies’ Committee : des visites pour enfants le samedi matin, un déjeuner mensuel pour hommes d’affaires fortunés, et un grand bal annuel un peu guindé. En 1958 est créé un club de jeunes, appelé « Jeunes Associés du Musée de Montréal » mais très vite abrévié en « JAMM », qui rencontre un vif succès avec près de 400 membres dès les premiers mois. L’une de leurs premières actions consiste à transformer et rénover une vieille écurie attenante au Musée : nettoyé, aménagé de façon à conserver son style rustique tout en accueillant du public, le local devient la Galerie de l’Étable. C’est là, au premier étage, que les Jeunes associés organisent leurs soirées culturelles, tiennent leurs expositions d’art contemporain et offrent aux visiteurs du Musée la possibilité de se restaurer au Café du Musée.
Jusqu’à la fin des années soixante, la Galerie de l’Étable est un lieu bien particulier à Montréal : ouvert aux jeunes, associé au Musée sans être dans le Musée, très animé à l’heure du déjeuner et le soir. Le restaurant est tenu et géré par les JAMM, qui décident du menu et de l’animation. L’image du Musée des Beaux-arts s’en trouve rajeunie… et tout le monde s’accorde sur le fait qu’un musée disposant d’un café jouit d’une attractivité additionnelle !
Mais les tensions entre les Jeunes et l’administration du musée vont croissant : les fêtes annuelles « Champagne et fraises », mais surtout les soirées « psychédéliques », ne sont pas au goût de tout le monde dans les années 1968-1970… Les 500 JAMM finissent eux aussi par se lasser de leur tutelle et cherchent un autre lieu où s’installer. Quant au Café, il est réintégré dans le nouveau bâtiment muséal de 1976 : son lointain descendant est le Bistro actuel.
